11/05/2025 2 articles dedefensa.org  5min #277562

« Quelque chose de très petit et de pathétique »

 Ouverture libre 

• Les États-Unis de Trump se trouvent à un moment difficile et insaisissable. • Doivent-ils suivre les Euro-Occidentaux qu'ils ont dénoncés, dans leur croisade pro-Zelenski qui lance un ultimatum au cessez-le-feu ? • Douguine montre que s'il fait cela, Trump se trouve embarqué dans une guerre dont il devait se débarrasser de son arrivée à la Maison-Blanche. • Poutine, de son côté, confronté à l'ultimatum des demeurés euro-occidentaux répond par une proposition de réunion pour définir les conditions de la paix, dès le 15 mai à Istamboul.

10 mai 2025 (10H00) - Effectivement, comme l'écrit Alexandre Douguine, qui voit tous les espoirs qu'il avait mis en Trump s'évanouir :

« En attendant, tout cela n'est qu'un "micro-événement", quelque chose de très petit et de pathétique. »

Effectivement (suite), Trump n'est qu'une suite de hauts triomphants et de bas "pathétiques" dans la réalisation de ses conceptions, une sorte d'exercice de montagnes russes où alternent le pire et le meilleur.  Hier, on le découvrait éventuellement capable de renvoyer Netanyahou à ses fantasmes de Fin des Temps. Aujourd'hui, on le voit soutenir une "initiative" européenne connue sous le nom d'"ultimatum à la Russie", qui ne peut mener en cas de poursuite de l'exercice qu'à l'embourbement de Trump et la fin de MAGA dans le cloaque ukrainien, avec la perte de popularité aux USA qui s'ensuivrait.

... Tout cela, à moins qu'éventuellement Poutine ne parvienne à trouver une formule qui fasse voler en éclats l'exceptionnelle trouvaille des quatre mousquetaires européens, Macron-Starmer-Merz-Tusk. Il s'y est mis  dès hier : puisqu'on lui propose comme un "ultimatum" un plan qu'il a déjà refusé dix fois, il propose à son tour un plan de paix que les Ukrainiens ont passé leur temps, avec soutien démocratique et euro-démocratique, à refuser.

« Le président russe Vladimir Poutine a proposé à Kiev de reprendre les négociations directes à Istanbul, auxquelles elle s'était retirée unilatéralement en 2022, malgré le non-respect par l'Ukraine de la trêve du Jour de la Victoire et ses tentatives d'« intimidation » des dirigeants mondiaux réunis à Moscou pour les célébrations.

» S'adressant aux médias tôt dimanche matin, après une journée de rencontres avec des chefs d'État étrangers, Poutine a réitéré l'offre russe de reprendre les négociations abandonnées par Kiev peu après l'escalade du conflit actuel.

» "Nous proposons aux autorités de Kiev de reprendre les négociations interrompues en 2022 - de reprendre les négociations directes, et j'insiste, sans aucune condition préalable. Nous proposons de les commencer sans délai jeudi prochain, le 15 mai, à Istanbul », a déclaré Poutine.

» "Notre proposition est, pour ainsi dire, sur la table. La décision appartient désormais aux autorités ukrainiennes et à leurs responsables. Nous n'excluons pas la possibilité que lors de ces négociations, il soit possible de se mettre d'accord sur de nouvelles solutions, sur des cessez-le-feu, sur une nouvelle cessation des hostilités, et une véritable paix qui serait respectée non seulement par la Russie mais aussi par la partie ukrainienne", a ajouté M. Poutine. »

Ce jeu s'appelle "A vous de dire, la balle est dans votre camp, à vous de répondre". Les Russes ont eu l'habileté, coutumière chez eux, de ne pas répondre à l'ultimatum de l'Occident-catastrophique, comme s'il n'existait pas, - une sorte de "cancellation" si l'on veut, - pour ouvrir sur une autre voie déjà exploré autant de fois que l'idée d'un cessez-le-feu sans conditions, - celle d'une conférence définissant la paix et s'opérationnalisant effectivement par un cessez-le-feu.

Les Russes, Poutine particulièrement, veulent laisser le temps à la partie américaniste de réfléchir, éventuellement au camp anti-neocon de se regrouper pour riposter et faire pression sur Trump pour qu'il respect ses positions de la campagne présidentielle. Nombre de commentateurs (Mercouris, Macgregor) déplorent absolument la voie qu'a prise Trump de vouloir résoudre la guerre en jouant les intermédiaire, - mais finalement en étant obligés de s'y impliquer du côté ukrainien.

« Je pense que c'est devenu "la guerre de Trump" parce qu'il a été assez imprudent de s'y laisser entraîner. Si vous écoutez Trump pendant les élections et après, il disait tout ce qu'il fallait dire. Mais tout de suite après son installation, il a été assiégé par des personnes qui l'ont convaincu de plusieurs choses. Tout d'abord, on lui a dit "Vous ne pouvez rien faire, président Trump, à moins que cela ne ressemble à une victoire pour vous"... Tout est conçu en termes compétitifs. C'est comme un vendeur immobilier qui doit gagner à tout prix... Vous savez, je lui avais conseillé de tout arrêter, retirer tous nos hommes, toute notre aide, notre renseignement, et sortons, et disons aux Européens : "Nous partons, nous serons ravis d'accueillir une conférence de paix où vous et les Russes discuterez des futures frontières, mais nous, nous ne restons pas".

» Maintenant, il a complètement changé de cap, il va complètement dans la direction opposée. »... (colonel Macgregor )

Cette évolution est, comme le dit Douguine dont nous reprenons un texte ci-dessous [du  9 mai 2025, sur 'euro-synergies.hautetfort.com'], « très petite et pathétique ». Le philosophe russe, qui fut un fervent admirateur du nouveau président, déplore cette évolution de Trump qui est surtout une sorte d'encalminage dans un processus qui a montré jusqu'ici sa capacité à durer dans un océan de simulacres et de mensonges.

Comme d'habitude mais de façon de plus en plus pressante, la question qui se pose en arrière-plan est bien de savoir jusqu'où les Russes accepteront d'aller dans cette voie du piétinement. En effet, pour eux la guerre va continuer et, très rapidement, elle rendra son verdict du terrain guerrier où il n'y aurait plus grand'chose pour justifier que Poutine retienne les coups de l'armée russe, - laquelle va atteindre le point d'ébullition de son impatience.

C'est alors, - si rien n'arrête cette dynamique, - que se poseront les vrais problèmes à cette Europe si complètement épuisée et arrogante. Et même, alors-encore et pas moins, le sort de l'Amérique sera confronté à sa crise décisive pendant que MAGA sombrera inéluctablement.

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11/05/2025 dedefensa.org  5min #277563

 « Quelque chose de très petit et de pathétique »

Ce qui est en jeu

Par Alexandre Douguine

Pour commencer, il convient de rappeler que la guerre n'a effectivement pas été déclenchée par Trump. Et elle n'a pas seulement été déclenchée par Trump lui-même, mais bien par ses ennemis immédiats et ses opposants idéologiques qui cherchent toujours à poursuivre cette guerre contre la Russie. Ses adversaires idéologiques actuels en Europe sont Starmer, Macron et Merz. Ses anciens adversaires américains - Biden, Blinken et Victoria Nuland - ont, eux, bel et bien déclenché la guerre.